Leçon 4.2 Comment adapter les REL aux contextes locaux

Considérons l’exemple suivant :

L’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) publie en tant que contenu ouvert un cours d’introduction à l’ingénierie agricole. Un professeur Sud-Méditerranéen étudie le matériel pédagogique et pense qu’il serait très intéressant d’utiliser une partie de celui-ci avec ses étudiants. Cependant, il rencontre des obstacles pour utiliser le contenu ouvert dans son enseignement:

C’est un exemple dans lequel un enseignant fait face à des obstacles à la réutilisation d’un contenu ouvert. Pour faire face efficacement, il devra mettre en œuvre certaines stratégies pour adapter le contenu ouvert. C’est-à-dire qu’il devra localiser les OER. Dans ce cas, il devra traduire le contenu et présenter des exemples liés à l’économie locale, ainsi que l’intégrer officiellement au programme et au cursus de son cours à l’université.

Dans cette leçon, nous présentons d’abord les obstacles à la réutilisation des contenus ouverts. Deuxièmement, certaines des stratégies d’adaptation locale et culturelle des OER sont examinées.

 

Les facteurs inhibiteurs de la réutilisation des contenus ouverts

Hatakka (2009) a examiné certains des obstacles les plus courants dans la réutilisation du contenu ouvert dans les pays en développement. Nous l’avons résumée dans le tableau «11 facteurs qui empêchent la réutilisation des contenus ouverts». Avec la liste originale de 11 facteurs, nous avons fourni une brève description de chaque barrière.

 

11 facteurs qui empêchent la réutilisation des contenus ouverts

 

 

Facteurs inhibiteurs Exemple
Règles et restrictions éducatives Selon chaque contexte institutionnel, le ministère de l’Éducation ou l’université elle-même peut décider des types de matériel pédagogique utilisés en classe ou quelle langue peut être utilisée dans la pratique pédagogique. Les règles fixent des limites sur le type de contenu pouvant être inclus dans le programme d’études ou le syllabus.
Langue Beaucoup de contenus ouverts sont disponibles uniquement en anglais. La nécessité de traduire ou même les particularités de la langue utilisée ou ses références culturelles peuvent devenir un obstacle à son utilisation.
Pertinence Parfois, le contenu n’est pas approprié car il n’est pas adapté aux objectifs du cours, ou est trop complexe pour les étudiants. Pour la réutilisation, il est important que les contenus se rapportent au contexte des étudiants, de sorte qu’il soit significatif pour eux. Il est également plus facile à réutiliser lorsque le cours se compose de petits modules, de sorte que vous pouvez extraire certains éléments du contenu original (mais pas le reste).
Accès Bien que les matériaux soient disponibles gratuitement sur Internet, leur utilisation dépend de la façon de les trouver. En revanche, cela dépend des compétences de recherche des utilisateurs, de la quantité de matériaux et de l’accessibilité des dépôts. Par conséquent, le défi consiste non seulement à disposer d’un contenu ouvert, mais aussi à trouver des documents appropriés pour les cours enseignés par l’enseignant.
Ressources techniques Les limitations d’infrastructure telles que le manque d’ordinateurs ou d’accès à Internet sont des obstacles à l’utilisation.
Qualité Le degré de confiance que les utilisateurs potentiels peuvent avoir sur le contenu peut déterminer son utilisation.
Propriété intellectuelle La clarté concernant les droits d’auteur et le type d’utilisation que chaque contenu permet, il est pertinent pour la réutilisation par des tiers.
Connaissance La connaissance de l’existence de la ressource est une étape importante avant son utilisation.
Alphabétisation informatique La compétence en  informatique influence la capacité de l’enseignant à intégrer les OER dans son enseignement.
Capacité d’enseignement Certains enseignants pensent que le développement du contenu est l’une de leurs compétences et que la réutilisation des contenus préexistants leur fait perdre leur autonomie ou leur créativité.
Pratiques et traditions pédagogiques Parfois, l’enseignement est organisé autour d’un manuel, ce qui réduit les occasions d’incorporer des contenus alternatifs.

 

Stratégies d’adaptation locale et culturelle des OER

La réutilisation du contenu ouvert n’est ni simple ni immédiate. Cela nécessite un investissement important en temps et efforts. Pour être efficace, il doit être pertinent dans le contexte local. Après les 11 facteurs précédents, nous proposons ensuite certaines des stratégies qui facilitent l’adaptation locale et culturelle des contenus ouverts. Ils sont résumés dans l’encadré 5.1.

 

Nous avons réorganisé la liste des facteurs inhibiteurs dans 7 catégories qui, à leur tour, correspondent à deux types de conditions pour la localisation effective des OER :

 

Photo de Nick Youngson (CC by-sa 3.0)

 

Pertinence culturelle du contenu ouvert

Considérons l’exemple suivant :

Un enseignant d’Espagne participe à un programme de coopération au développement, formant des enseignants péruviens. La formation est développée en espagnol et l’enseignant ne perçoit pas une grande distance culturelle, étant deux pays avec une partie d’histoire partagée. Cependant, dans le développement du cours, il apprécie certaines différences significatives:

Il s’agit d’un cas d’interaction enseignant-étudiant qui semble être conditionné par certains éléments de la distance culturelle. Traditionnellement, c’est une situation très courante dans les programmes d’échanges académiques ou dans les projets de coopération pour le développement. Cela peut également se produire dans la communication par Internet, impliquant souvent des interactions internationales ou interculturelles.

Pour examiner les situations de contact internationales, l’un des modèles les plus largement utilisés consiste à appliquer les cinq dimensions de la variabilité culturelle (Hofstede, 1980). Dans le tableau suivant, nous avons compilé les définitions d’origine par Geert Hofstede.

Le modèle a été largement utilisé dans les comparaisons interculturelles. Il est intéressant de noter que l’auteur du modèle indique: «La culture n’existe que par comparaison. Les scores des pays sur les dimensions sont relatifs, car nous sommes tous humains et, simultanément, nous sommes tous uniques. En d’autres termes, la culture ne peut être utilisée que de manière significative par comparaison. Ces scores relatifs se sont révélés assez stables au fil du temps. Les forces qui ont tendance à changer les cultures ont tendance à être mondiales ou continentales. Cela signifie qu’elles affectent de nombreux pays en même temps, donc si leurs cultures changent, elles se déplacent ensemble et leurs positions relatives restent les mêmes «

 

Les cinq dimensions de la variabilité culturelle :

 

Dimension Définition
La distance du pouvoir Cette dimension exprime le degré dans lequel les membres les moins puissants d’une société acceptent et s’attendent à ce que ce pouvoir soit réparti inégalement. La question fondamentale ici est la façon dont une société gère les inégalités entre les personnes. Les personnes appartenant à des sociétés présentant un large degré de distanciation de puissance acceptent un ordre hiérarchique dans lequel tout le monde a une place et ne nécessite aucune autre justification. Dans les sociétés à faible distance de puissance, les gens s’efforcent d’égaliser la répartition du pouvoir et de justifier la demande d’inégalités
Individualisme-collectivisme Le côté élevé de cette dimension, appelé individualisme, peut être défini comme une préférence pour un cadre social lâche, dans lequel les individus devraient s’occuper uniquement d’eux-mêmes et de leurs familles immédiates. Son contraire, le collectivisme, représente une préférence pour un cadre étroit dans la société dans lequel les individus peuvent s’attendre à ce que leurs proches ou les membres d’un groupe particulier les soignent en échange d’une fidélité incontestable. La position d’une société sur cette dimension se traduit par le fait que l’image de soi des personnes est définie en termes de «je» ou «nous».
Femininité-Masculinité Le côté de la masculinité de cette dimension représente une préférence dans la société pour la réalisation, l’héroïsme, l’affirmation de soi et les récompenses matérielles pour réussir. La société en général est plus compétitive. Son contraire, la féminité, représente une préférence pour la coopération, la modestie, le soin de la faiblesse et la qualité de vie. La société en général est plus axée sur le consensus. Dans le contexte commercial, la masculinité par rapport à la féminité est parfois aussi liée aux cultures «difficiles et tendres».
Évitement de l’incertitude La dimension de prévention de l’incertitude exprime le degré dans lequel les membres d’une société se sentent mal à l’aise face à l’incertitude et l’ambiguïté. La question fondamentale ici est de savoir comment une société se comporte face au fait que l’avenir ne peut jamais être connu: devrions-nous essayer de contrôler l’avenir ou simplement laisser cela se produire? Les pays présentant un fort Indice d’évitement de l’incertitude IEI maintiennent des codes de croyance et de comportement rigoureux et sont intolérants à l’égard du comportement et des idées peu orthodoxes. Les sociétés à IEI faible maintiennent une attitude plus détendue dans laquelle la pratique compte plus que des principes.
Orientation à long terme et à court terme Chaque société doit maintenir des liens avec son passé tout en traitant les défis du présent et de l’avenir. Les sociétés accordent une priorité à ces deux objectifs existentiels différemment. Les sociétés qui ont un faible score au niveau de cette dimension, par exemple, préfèrent conserver des traditions et des normes respectées dans le temps tout en considérant les changements sociétaux avec suspicion. Ceux qui ont une culture qui obtient des scores élevés, d’autre part, adoptent une approche plus pragmatique: ils encouragent l’épargne et les efforts dans l’éducation moderne comme moyen de se préparer au futur.

 

Source: https://en.wikipedia.org/wiki/Hofstede%27s_cultural_dimensions_theory

 

Photo par Marc Wathieu (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Dans les situations de contact interculturel, ces dimensions peuvent affecter l’interaction enseignant-étudiant ou étudiant-étudiant. Par exemple, la distance à l’autorité influence le rôle assigné à l’enseignant et le degré d’individualisme affecte le type d’interactions qui se produisent au sein des groupes d’étudiants.

 

 

La recherche a montré que dans les pays développés, il est relativement plus fréquent de trouver des valeurs individualistes et un style de relation plus égalitaire. Dans les cultures traditionnelles des pays en développement, les valeurs collectivistes et la perception d’une plus grande distance des figures d’autorité sont comparativement plus fréquentes.Dans le cas des contacts interculturels, des frictions peuvent se produire et qui doivent être traitées correctement. Pour cette raison, il est important de prendre conscience des éléments de la distance culturelle et d’y faire face efficacement.